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Compte-rendu du jeudi du Préau du 19/12/2002
" Présentation par Nuxeo de la plate-forme open source ZOPE,
gestion de contenu et travail collaboratif
"
  


Un compte-rendu plus complet sera mis en ligne sur le site du PREAU qui organise ces journées de présentation.

Eric Barroca et Arnaud Lefevre de Nuxeo ont présenté leur société de service, les problématiques posées par la gestion de contenu web (rôle des auteurs, du webmaster, cohérence des contenus, respect d'une charte graphique, validation éditoriale).

ZOPE est une plate-forme de travail collaboratif (pas encore de e-learning) en open-source. Un des concepts fondamentaux est la séparation des données, des logiques et traitements (en Python) et des présentations (XML/XSLT).

CPS, la technologie Collaborative Portal Server, est une surcouche logicielle à la plate-forme Zope. Elle permet facilement aux organisations de gérer leurs contenus en s'appuyant sur une approche web collaborative.

ZOPE est un concurrent de SPIP . C'est encore loin d'être une plate-forme de type LCMS (Learning Content Management System).

Quand on évoque la question d'un parcours individualisé pour une formation, il a souvent un très grand quiproquo. Les uns envisagent un découpage en modules de formation qui s'assemblent en fonction d'un test de pré-requis, les autres une navigation dans un parcours de formation en fonction d'un jeu de droits et d'habilitations, et d'autres encore espèrent un contenu qui s'adapte en permanence aux interactions de l'apprenant. NOE oeuvre dans cette dernière perspective, tandis que le produit présenté était plutôt de l'ordre du deuxième.
   

Compte-rendu de la journée d'étude du 12/11/2002
" Théories et pratiques de l 'enseignement à distance"
  

Le laboratoire Paragraphe et le département IPT de l'université Paris VIII organisaient cette journée.
L'auditoire était nombreux, environ 250 personnes, et venait d'horizons divers, principalement de l'enseignement supérieur et de la formation continue.

Le matin était consacré aux campus numériques et aux plates-formes d'enseignement à distance, l'après-midi aux pratiques des Universités de Picardie, Nancy et Grenoble, ainsi qu'à une réflexion sur les contenus en ligne.
Les textes présentés par les conférenciers lors de cette journée.

Philippe Perrey de la Direction de la technologie a dressé l'état des lieux des campus numériques.
COMPETICE est un outil de pilotage par les compétences des projets TICE dans l'enseignement supérieur

En 2002, le Ministère a financé en priorité les projets émanant de consortium regroupant plusieurs établissements
( 65 campus numériques de FOAD (Formation ouverte et à distance) et 4 campus de ENT (Environnement numérique de travail).
Les ENT semblent en progression (annuaire, sécurité, personnalisation, nomadisme, services aux étudiants)

Le budget TICE par étudiant et par an est assez variable: à l'Université, il est en moyenne de 20€ ( de 10 à 61 € selon les Universités). Il est de 105€ en école d'ingénieur et de 28,5€ en IUFM .
L'activité d'enseignement en ligne est encore marginale: en 2002, environ 1000 unités de cours sont accessibles en ligne.
Et parmi les 1,4 millions d'étudiants, seulement 22000 sont concernés par ces enseignements.
Le Ministère prévoit 91000 étudiants pour 2002-2003, et 157000 l'année suivante.


Plusieurs plates-formes d'enseignement à distance ont été présentées. Il est surprenant, à première vue, que les 3/4 des plates-formes utilisées dans les campus aient été développées en interne pas les universités elles-mêmes.
INES, développée à l'Université de Picardie par exemple, initialisée dès 1997 a évolué en collant aux besoins exprimés par les étudiants (nécessité de la présence de documents imprimables et d'annales).

Eric Ecoutin expert ès-plates-formes de EIFEL a confirmé que la plate-forme idéale n'existait pas, en distinguant 4 champs fonctionnels plus ou moins couverts par les plates-formes existantes. On trouvera un complément de présentation sur le site d'ALGORA ou sur le site THOT qui recense 223 plates-formes

Quelques produits ont été présentés:
-HyWebMap moteur de recherche
-K-web Organizer outil de supervision de travail collaboratif
-Gendoc éditeur XML, ou GENDOC

Gérard-Michel COCHARD, professeur à l'Université de Picardie, a présenté son expérience de mise en oeuvre et de gestion d'une formation à distance dans le cadre d'un troisième cycle en formation continue.
Marc Gabriel, François Bocquet ont fait de même en ce qui concerne Nancy1 et Grenoble.
Ces orateurs ont évoqué leurs expériences de plusieurs années.

Le travail de l'enseignant est plus dense que dans l'enseignement traditionnel. L'enseignant était auteur compositeur interprète. En formation à distance, il participe et contribue nécessairement à une équipe. 11 fonctions de l'enseignant ont été identifiées: concepteur, tuteur, animateur- coordinateur, pédagogue, communicateur,...
La fonction de tuteur représente une activité importante et une des difficultés principales pour l'enseignement à distance. Elle représente 75% des coûts du système. Le tuteur doit être un spécialiste de la communication. La qualité des ressources pédagogiques d'accompagnement du tuteur compte beaucoup.
La difficulté de la lecture d'un grand nombre de mail n'est toujours pas résolue. En revanche, il semble que les aspects juridiques (droits d'auteurs) et financiers (paiement des enseignants) soient à peu près résolus.
Les étudiants à distance et les autres passent exactement le même examen. Les premiers réussissent mieux de manière évidente. Avant d'en tirer des conclusions, il faut tenir compte qu'il s'agit d'un public de 3e cycle, extrêmement motivé et exigeant (travailleurs en activité)

Les contenus en ligne doivent aussi tenir compte des cultures des pays concernés: en ce qui concerne la transmission de données fines sur l'activité de l'apprenant à l'entreprise. Sur ce sujet précisément, ce qui est permis aux USA ne l'est pas en Europe, et l'Allemagne est moins permissive que la France.
Les normes pour l'enseignement à distance progressent. L'étudiant , comme l'enseignant n'a pas à se former au système. Mais les documents pédagogiques doivent être structurés ( XML, distinction entre documents et scénarios pédagogiques). Dans la plupart des cas, un processus transforme ces contenus en modules pédagogiques utilisables en ligne.

Les thèmes des débats étaient prévisibles. Ne va-t-on pas industrialiser la formation au dépens de la variété des approches et de la recherche elle-même? où va se construire le savoir ? Quel statut pour l'enseignant ? Ne faut-il pas placer l'étudiant au centre du dispositif ? Nous avons eu droit évidemment à la dispute entre les partisans de la notion d'"étudiant" associée à une conception prescriptive de l'enseignement et celle d'"apprenant" favorisant l'autonomie et la démarche active de l'élève. Apprendre ou acquérir ?. Nous avons eu même un prophète du e-learing qui a annoncé le e-learning de la 5ème dimension (mais je n'ai pas tout compris).

L'état des lieux décrit ne semble pas encore à la hauteur des enjeux identifiés, à savoir: la réaction à la forte progression des propositions
de contenus anglo-saxons, les perspectives d'aménagement du territoire, la modernisation de l'Université, l'amélioration de l'accès au savoir.
Même s'il est indéniable que d'énormes efforts sont en cours.
  

Cours en ligne
  
Cinecoursweb école en ligne de cinéma
   


Débat du salon de l'Education 20/11/2002
"Comment le Service Public d'éducation doit-il accompagner l'évolution des aides et des pratiques pédagogiques dans un contexte de changement technologique?"
  

F.Jarraud et A.Costes

François Jarraud ouvre le débat en présentant le café pédagogique. Les autres participants à la table ronde représentant l'institution, François représentait les attentes des enseignants.
La pratique d'internet change la culture des enseignants. Les enseignants sont sensibles au regard de leurs pairs. La culture hiérarchique du monde de l'Education Nationale s'oppose à la culture horizontale du net. Les enseignants demandent à l'institution d'accompagner et de soutenir les actions. Il faut accorder du temps au acteurs de terrain, et renforcer la visibilité des actions entreprises. Il ne faut pas craindre le foisonnement. Il faut au contraire soutenir la création, et pas seulement les éditeurs reconnus.
L'attente vis à vis du Ministère est d'aider à la promotion des actions de terrain, et d'accompagner le foisonnement.

 

Claude Mollard, directeur du SCEREN CNDP, évoque les écarts entre le développement technologique actuel par exemple la production de DVD et la réalité scolaire limitée aux lecteurs de cassettes VHS. Le CNDP s'oriente toutefois vers des bouquets de services IDS ( Imprimer, DVD, Sites ). Deux autres problèmes sont soulevés: le décalage entre les concepteurs de produits pédagogiques et les enseignants, et celui de la libération des droits. Il annonce un partenariat avec "La 5" pour un web-TV disponible dans les établissements pour environ 400€ par an et par établissement. Il s'agirait de produits audiovisuels numérisés en téléchargement gratuit dans la classe pour des séquences de 3 à 13 minutes.

Jean-Louis Billouet, directeur général adjoint du CNED, a rappelé que les 70 000 élèves du CNED n'ont pas tous un accès internet. De plus, ce n'est pas parcequ'on se promène sur le net qu'on fait un acte de formation. Le CNED insiste sur la nécessité d'un processus d'industrialisation des contenus pédagogiques. Enfin, il a posé une question récurrente, celle de leur labélisation. Mais il s'agit d'une question ancienne : les manuels scolaires réalisés dans le domaine privé, sans label, expriment la diversité des approches pédagogiques avec la seule contrainte des programmes.

Christophe Stener, Directeur des relations institutionnelles de Microsoft Education. "relations institutionnelles", ça doit se traduire par lobying en anglais. Nous avons écouté le couplet citoyen de Microsoft sur l'accès des handicapés à internet.

Alain Costes, directeur de la technologie au Ministère, s'est déclaré "en harmonie avec François Jarraud". La passion des enseignants a permis de réaliser une première étape. Il faut passer à une autre étape. Le Ministère a négocié des accords sur les droits avec le Louvre, ARTE, l'INA, la BBC, la BNF, et ainsi met gratuitement 600 heures d'utilisation de produits gratuitement. Le défi d'aujourd'hui est d'initialiser des projets à l'échelle européenne.

Jean-Paul de Gaudemar, directeur de la DESCO du Ministère, a mentionné un plan de formation virtuel en relation avec les Ecoles Normales Supérieures. Une première expérience dans le domaine des sciences de la Terre avec l'ENS de Lyon est un succès. Par ailleurs, il s'est principalement adresser aux collectivités locales en rappelant l'importance de leur rôle dans le financement des matériels en investissement et en fonctionnement.

Corinne Hermant, de la direction générale Education et culture de la Commission Européenne, a présenté les quatre axes du plan e-learning de l'Europe: recherche et infrastructure, formation des enseignants, services et contenus, coopération et mise en réseau. Mais ce qu'il manque c'est une vision des enjeux. Il faut une reconnaissance de la diversité de l'Europe. Il existe un superbe projet d'éducation artistique à Florence et un excellent travail de formation des enseignants en Suède.

La salle a posé quelques questions et fait quelques remarques:
- il existe des enseignants qui n'ont pas le niveau du B2I
- que deviennent les expériences sur le cartable électronique?
- Comment reconnaître le caractère de "service public" de certaines associations d'enseignants?

à suivre...
  


Table ronde du salon de l'Education 20/11/2002
"Langues : les échanges à distance, une nouvelle pratique pour l'enseignement des langues"
  

Christine Reymond, rédactrice au Café Pédagogique, a animé cette table ronde. Les quatre intervenants ont présenté tour à tour les différents modes d'échanges de correspondances dans le cadre de l'enseignement scolaire des langues.


Christine Reymond et Philip Benz

Christine Reymond a commencé par décrire sa propre expérience d'utilisation du projet e-tandem au sein de l'académie de Rouen. L'enseignement est réalisé dans une relation d'élève à élève entre natifs. L'autonomie et la réciprocité sont les deux principes de ce mode. Cinquante langues sont disponibles. La difficulté du système est de trouver pour chaque élève un partenaire fiable.

Philip Benz, professeur, responsable du site Viv@. Principalement pour pallier cette difficulté, Philip Benz, en collaboration avec le CDDP de l'Ardèche, a conçu un système de correspondance par forums thématiques : le projet VIV@. Les correspondants ne sont pas attitrés. L'absence de réponse d'un élève, ou le départ en vacance d'une classe entière ne perturbent pas le système. VIV@ a commencé en 2000-2001 avec anglais-français. Il s'étend cette année avec l'espagnol, l'allemand, le portugais et l'espéranto.


Jean-Richard Brousse et Maylis Peuchaud

Jean Richard Brousse, professeur en troisième à Agen, a présenté une correspondance classe à classe avec un collège de Barcelone. Comme les élèves débutent dans l'apprentissage de la nouvelle langue, chaque élève travaille dans sa propre langue. Les messages sont centralisés sans censure. L'analyse de courriers se fait collectivement au rétroprojecteur. Une rencontre réelle entre les élèves a eu lieu à Carcassonne. Les élèves ont cours le même jour, ce qui accélère les échanges. Ces deux conditions permettent un dynamisme des échanges et le succès du projet.

Maylis Peuchaud, professeur dans un collège près de Bordeaux, a utilisé le site epals pour trouver les correspondants de ses élèves. L'échange s'est fait en espagnol avec des élèves de Cancoun au Mexique. La première phase était la prise de conscience des préjugés de chacun, puis la découverte de la culture de l'autre. Là aussi, l'envoi de "véritables" cartes postales et de petits cadeaux ont favorisé le dynamisme des échanges.

les principales questions des participants ont porté sur la manière de traiter les erreurs dans les messages envoyés par les élèves, et sur la difficulté à trouver des partenaires fiables. Il n'y a de correction souvent que pour faciliter la compréhension. En ce qui concerne les partenaires, les intervenants ont tous insister sur la nécessité de lancer plusieurs projets simultanément et d'attendre avant d'en parler aux élèves. La relation entre les deux enseignants est aussi une condition préalable au succès du projet.

Enfin, plusieurs participants ont signalé des initiatives diverses:
Primlangues, un site d'accompagnement pédagogique du Ministère pour l'enseignement des langues notamment pour le primaire.

Une bourse d'échanges et de correspondances sur le site du CIEP Centre International d'Etudes Pédagogiques

Un dossier très complet, au format pdf, réalisé par le CRDP de l'académie de Versailles, sur les expériences réalisées d'échanges de correspondances.

Cyberlangues, l'association des profs utilisant les TIC dans l'enseignement des langues

Spring Day - Le Printemps de l'Europe entend aider les établissements à organiser un événement le 21 mars 2003, à savoir leur propre Printemps de l'Europe. Cet événement aura pour objectif d'impliquer davantage les professeurs et leurs élèves dans la définition d'une nouvelle Europe au travers de la Convention européenne.

Débat du salon de l'Education 20/11/2002
"Comment faire évoluer les programmes face au défi de la construction européenne et de la mondialisation"
  

Denis Paget, secrétaire général du SNES
Jean-Didier Vincent, président du Conseil National des Programmes
Dominique Raulin, secrétaire général du Conseil national des Programmes
Christian Roger, directeur de l'agence Socrates France


Denis Paget, secrétaire général du SNES

Denis Paget, secrétaire général du SNES, ouvre le débat en souhaitant que s'il devait exister un programme européen, il ne soit pas un leurre pour la jeunesse. Il est préférable de présenter la réalité de l'histoire de l'Europe faite plutôt de différences. Il suggère que l'histoire soit présentée à partir de problèmes à résoudre plutôt que comme une hagiographie avec un patrimoine fictif. Les participants dans la salle ont évoqué le décalage entre les programmes et l'histoire contemporaine. Monsieur PAGET fait remarquer qu'il sera toujours difficile d'enseigner l'ultra contemporain.


Jean-Didier Vincent et Dominique Raulin du CNP

Jean-Didier Vincent, président du Conseil National des Programmes
Les programmes ont en France une place qu'on ne retrouve pas dans les pays anglo-saxons ou d'Europe du Nord.
Jean-Didier Vincent a été ensuite manifestement provocateur en affirmant la nécessité d'un programme socle pour l'Europe, et en essayant de montrer que ce socle devait être caricatural pour être efficace.Le programme est un instrument de cohésion sociale. L'empire européen, démocratique, peut être obtenu par les programmes scolaires. L'élaboration d'un fond commun dans le domaine de la recherche est un résultat déjà acquis au niveau européen. L'école est le lieu d'élaboration des mythes fondateurs. Mais attention , les mythes fondateurs sont des mythes d'exclusion. L'Europe des tolérances, ça fait partie des mythes fondateurs.

Dominique Raulin, secrétaire général du Conseil national des Programmes
La culture européenne n'est pas à inventer, elle existe.


Christian Roger, directeur de l'agence Socrates France

Christian Roger, directeur de l'agence Socrates France, a étendu la question du socle des savoirs à celui des comportements. Apprendre à travailler ensemble est déjà l'objet de plusieurs programmes européens. Plusieurs programmes européens ont ensuite été évoqués:

Le "processus de Bruges" pour la coopération en matière de transparence, de reconnaissance et de qualité des formations en Europe.
Le programme pour le suivi des objectifs des systèmes d'éducation en Europe
Le programme Socrates pour promouvoir une Europe de la connaissance et encourager une éducation tout au long de la vie à travers l'apprentissage des langues étrangères, l'encouragement à la mobilité, la promotion de la coopération au niveau européen, l'ouverture aux moyens d'accès à l'éducation et une utilisation accrue des nouvelles technologies dans le domaine de l'éducation coopération politique entre états favorisant la mobilité
Les objectifs des futurs systèmes futurs d'éducation

Les participants dans la salle sont intervenus pour illustrer la situations des programmes en Europe et aux USA.
Il y a des pays sans programmes. Les différences entre les programmes ne portent pas que sur les lettres ou l'histoire. Dans plusieurs pays d'Europe, on n'enseigne pas le théorème de Thalès..... et on y survit.
Il a existé en France une proposition de loi pour faire voter les programmes à l'Assemblée Nationale. Un programme est politique. Retirer Pierre Bourdieu de la liste des auteurs du programme des classes économiques et sociales est politique. Dans les pays anglo-saxons, on a renoncé à définir un socle. Aux USA, l'équivalent du programme de mathématiques tient en 30 pages. Ce sont les "standards", les attitudes intellectuelles de base.

Au terme du débat, un sentiment général de malaise était peut-être lié au fait d'avoir seulement effleurer un sujet trop vaste.

  

Débat du salon de l'Education 22/11/2002
"La technologie au collège, où en sommes-nous?"
  

C'est probablement cette table ronde qui a eu le plus de succès. Le mal vivre exprimé par les enseignants de techno en est sûrement la raison.

La table ronde était animée par Alexis Kaufmann du café pédagogique
Yves Lemal, prof de techno et représentant de l'association AEAT, dresse pour commencer un historique de la discipline.
Claude Taddei, prof de techno et représentant de l'association ASSETEC, présente les difficultés que rencontre la discipline.
Jacques Ginestié, professeur à l'IUFM d'Aix-Marseille et représentant l'association AEET, replace l'enseignement de la techno dans le contexte européen.
Patrick Richard, prof de techno et représentant de l'association PAGESTEC, a rappelé le besoin des enseignants pour un échange sur les pratiques de terrain.

 



Claude Taddei (ASSETEC) et Alexis Kaufmann (Café Pédagogique)

 

La technologie est une discipline jeune.
A peine majeure, instaurée il y a 18 ans, elle souffre encore de nombreux maux.
Le sentiment général est que l'Institution ne reconnaît pas vraiment la discipline et ses enseignants
Les programmes changent souvent, en terme de rupture (ex abandon des scénarii). Les raisons des changements ne sont pas claires. En biologie, il y a aussi beaucoup de changement mais l'évolution pour s'adapter aux nouvelles découvertes s'impose d'elle-même. C'est la seule discipline sans agrégation ni inspection générale. Curieusement, ce n'est pas perçue comme une chance, mais comme une hésitation à la faire rentrer dans le paradigme des autres disciplines. Il n'y a pas de cohérence nationale : les pratiques sont très différentes d'un établissement à l'autre. Le passage des cycles primaire, collège et lycée, ne se fait pas en continuité. Enfin, les enseignants éprouvent un besoin de stabilité qui se traduit parfois par une démobilisation, et aussi par une difficulté de recrutement.


Yves Lemal (AEAT) et Patrick Richard (PAGESTEC)

 

Mais quels sont les véritables objectifs de l'enseignement de la technologie?
Trois orientations se superposent, ce qui ne contribue pas à la clarté. la nature d'un premier objectif est celle d'une culture générale pour tous préparant l'éducation technique des futurs techniciens et ingénieurs. Un autre objectif évoqué par Luc Ferry est la prise en compte de "l'intelligence pratique" des élèves en difficulté. Un troisième objectif est la culture spécifique à une orientation métier. Ceci amène des contradictions, notamment quand il s'agit de définir des objectifs en terme de compétences à acquérir. Un travail peut être réalisé comme dans d'autres disciplines pour définir des grilles de compétences qui serviront ensuite à élaborer un système d'évaluation. les activités technologiques peuvent avoir un sens en elle-même comme dans un projet partant de la conception jusqu'à la réalisation d'un produit. Ce sens peut venir aussi d'un ensemble de compétences clairement identifiées. Le risque actuel est d'absorber les demandes du moment comme la préparation au B2I. Attention à ne pas se limiter à ce travail, l'éventualité d'une fusion sciences physiques et technologie n'est pas exclue.



Jacques Ginestié (AEET)

En France, comme en Europe, il est de plus en plus difficile de recruter des ingénieurs et des techniciens.
Le déficit de recrutement des techniciens et scientifiques s'observe dans toute l'Europe. Il a été abordé dès 1982 dans une conférence de l'UNESCO. Mais depuis, malgré des initiatives en France et en Grande-Bretagne, la situation a empiré. En Grande-Bretagne, le nom de la techno est "design & technology education". Ce qui traduit une vision économique et sociale du monde technique: la fabrication étant délocalisée, l'accent est mis sur la conception des produits plus que sur leur fabrication. Cette vision, ou une autre, manque en France.


La nécessité d'organiser la discipline et de renforcer la représentativité des associations fut la principale conclusion de la table ronde.

Dans d'autres disciplines les associations influentes regroupent jusqu'à 85% des enseignants. En technologie, les trois associations rassemblent moins de 15% des 18 000 enseignants de technologie.
     



Débat du salon de l'Education 22/11/2002
"Comment faire face au développement de la concurrence scolaire au sein du service public d'éducation (compétition entre établissements, cours privés...) et au développement du marché de l'angoisse scolaire ?"
 

Philippe Coléon (Acadomia)

Philippe Coléon, directeur général de Acadomia, présente sa société.
15000 enseignants travaillent pour Acadomia. Le marché du soutien scolaire serait d'environ 1600 millions d'euros par an. Le chiffre
d'affaires des sociétés du secteur est d'environ 240 millions d'euros par an, dont 80 pour Acadomia, auxquels s'ajoutent 80 millions d'euros par an réalisés les associations. Le marché déclaré (société+associations) correspond à environ 20% de la demande. 80% du soutien scolaire reste dans le domaine de l'économie parallèle. Monsieur Coléon suggère de normaliser le métier du soutien scolaire.
Y-a-t-il véritablement augmentation de l'angoisse scolaire? Les structures familiales ont évolué. Le travail des mères et
l'augmentation des foyers monoparentaux génèrent un besoin d'assistance. L'angoisse n'est pas seule en cause. Un tiers des élèves a pris un cours dans le cadre du soutien scolaire. il se vend chaque année 12 millions de cahiers de vacance.
A une question de la salle à propos des familles clientes de Acadomia, Monsieur Coléon répond que les CSP+ ( catégorie socioprofessionnelle supérieure) sont minoritaires. Il s'agit en majorité de parents ayant des difficultés à aider leurs enfants. Ces familles placent l'éducation dans leurs priorités et y consacrent un budget annuel de 300 euros. Ce point est en contradiction un document d'Acadomia "pouvoir d’achat élevé des familles concernées par le service ACADOMIA (revenus nets > 15.000 F par mois)" ( prospectus pour l'inscription au marché libre de la bourse de Paris, avril 2000, §4.6.2 page 58)


Faride Hamada (FCPE)

Faride Hamida, FCPE
C'est vrai qu'il existe des lacunes dans le système. C'est l'école qui doit être son propre recours.
Monsieur Hamida expose son opposition au "système marchand".



Christian Janet (PEEP)

Christian Janet, PEEP
Il faut que l'école continue à évoluer. L'existence du privé et du parascolaire doit servir d'aiguillon à l'Education Nationale.



Serge Candor (CNED)

Serge Candor, CNED.
Pour les élèves d'âge scolaire, les activités du CNED se répartissent pour moitié dans des parcours complets ( 60000 inscrits,
élèves à l'étranger, itinérants), et moitié dans le cadre des cours d'été et du soutien scolaire. Le CNED reçoit chaque année une subvention qui représente 25% de son budget. Le CNED envisage une nouvelle politique tarifaire qui amènerait la gratuité pour les cours relevant de l'obligation scolaire. La remédiation n'est pas facile à organiser au sein de l'éducation nationale, l'appel au privé est une solution. La France est le seul pays d'Europe, où l'éducation est une affaire d'Etat.



Philippe Tournier (SNPDEN)

Philippe Tournier, secrétaire général adjoint du SNPDEN
L'institution est complaisante. Les enseignants sont eux-mêmes champions du consumérisme scolaire, des détournements de la
carte scolaire et du repérage des classes"CAMIF". Ceci évolue un peu. D'autre part, l'angoisse scolaire est une angoisse solvable. C'est l'expression scolaire d'une angoisse sociale. Quand il y a concurrence entre établissements, ce n'est pas, comme on le dit, les parents qui choisissent l'école, mais l'école qui choisit ses élèves.


Jacques Simon (Education Nationale)

Jacky Simon, médiateur de l'Education Nationale
Le consumérisme scolaire présente un aspect positif: il est le signe de familles qui s'intéressent à leur enfant.
L'école ne peut pas tout faire, mais elle doit faire ce que l'on attend d'elle. Les usagers citoyens veulent comprendre ce qui se passe.

L'enquête PISA de l'OCDE, évalue les compétences des jeunes de 15 ans, ainsi que le coût des systèmes éducatifs. Un rapport belge sur l'étude PISA présente quelques résultats. En France, pour 100 euros dépensés en éducation, l'Etat en dépense 65, les collectivités locales 20, et les familles entre 5 et 7 euros.

Les participants dans la salle ont évoqué les différents dispositifs élaborés avec le soutien des collectivités locales : clubs, études du soir, contrat éducatif local...Le constat, justement, c'est qu'il existe beaucoup de différence selon les lieux.
Une participante signale qu'Acadomia bien que cotée en bourse propose des contrats de CDD à l'heure, rémunérés de 10,7 à
13,75 euros pour un enseignement dans le primaire.
Le service public d'éducation n'est pas égalitaire : il favorise ceux qui suivent un cursus long. C'est une discrimination sociologique
par le succès. De fait, la gratuité est une redistribution en faveur des classes moyennes et supérieures.
Aux Etats-Unis, le service public d'éducation est plus sectorisé qu'en France.

Le débat a été assez animé. La question centrale fut de déterminer la limite d'une zone où pourrait s'exercer le secteur concurrentiel et ce qui ne doit pas l'être. Ce qui est obligatoire doit être pris en charge par le service public. S'il existe des lacunes, ou des difficultés, il faut améliorer le système. Attention, les élèves en difficulté, vraiment en difficulté, ne sont souvent pas solvables.

  

   
     

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